Epilogue d’une trottoire
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Tsi dzwala ni venze, be ni si yengue
Andra moroni bassi, ivo ou venzao lazimou, ou venze wawo walio moroni oho

Je suis née pour avoir ma part, non à la haine, mais à l’amour
Va donc dans l’autre monde, et puisqu’il faut que tu aimes,
aime ceux qui demeurent là-bas

Ce dernier texte de la série des épilogues fait suite à l’Epilogue des noyés et à l’Epilogue des ventres. C’est sur les ombres silencieuses de nos trottoirs qu’une prostituée prend la parole comme dernier acte de révolte contre l’agression qui lui est faite.

La prostituée prend la parole, elle dit une parole prostituée, parole de l’ombre, parole des faubourgs, parole exclue parce que parole du désordre, de l’informel, magma de mots qui font irruption à ce lieu de non parole, lieu des silences criants pour interroger la manière dont causeraient celles des trottoirs, celles bousculées, lapidées, en état de tension maximale, état de tonnerre, état de viande commercialisée, quelle parole peut être celle des kilos de chair vendue, les kilos de chair en situation de survie, la force de survie inscrite dans des kilos de chair qui se battent dans l’ombre des trottoirs.

La prostituée s’impose le devoir de nommer sa chair femelle qu’elle vend sans omettre le moindre gramme, elle est elle-même la trottoire à dire, chaque morceau de son corps, chaque fragment de sa chair doit devenir une parole, chair de travail, chair de survie, chair-de-révolte, chair-soi, chair-l’autre, chair-être, chair-douleur, chair-plaisir, chair-de-vie-de-la-chair-de-femme-violentée qu’elle recompose sur son trottoir…
Alain Kamal Martial

 

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EXTRAIT DU TEXTE

(…)
et la sueur du client qui me lapide qui se mêle au sel amer de mon sang, nous recevons lui et moi dans sa bouche et dans la mienne, mon sang et sa sueur mêlé,

il me saigne et il transpire,
il me tue
je ne veux pas mourir de ce caillou
il me saigne et il transpire
il me tue
je ne veux pas mourir ici comme une ombre
il me saigne et il transpire
il me tue, je vous dis
je ne veux pas mourir la mort d’un caillou
il me saigne et il transpire
il me tue, vous n’entendez pas qu’il me tue
il me tue mais je ne veux pas être un caillou sans vie
ça fait mal caillou
ça fait mal une pierre

pas de pierre, je vous en prie
pas de caillou, je vous en prie
de chair, je vous en prie
de viande, je vous en prie
de sang
du sang, je vous en prie
des os
je veux bouger mes os
de moelle
de graisse
de grâce, de grâce, aidez-moi
de peau
la peau, ma peau m’a tuée
de respiration, je vous en prie
de souffle
je souffre
donnez-moi du souffle de vie, donnez-moi du souffle de vie je vous en prie, je veux vivre encore
de salive
de morve
de selles
d’urine
je voudrais uriner, je veux vider mes urines, je n’arrive plus à uriner
de chair, je vous en prie
d’air
de l’air, je vous en prie, de l’air
de chair
de sang, je vous en prie
du sang, je vous en prie, donnez votre sang, donnez votre sang
de …

de femme (…)

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DISTRIBUTION

texte Alain Kamal Martial
mise en scène Thierry Bedard
avec Marie Charlotte Biais, Joao Fernando Cabral

création sonore Jean Pascal Lamand
lumières Jean Louis Aichhorn
régie générale Jérôme Masson

d’après des conversations enregistrées auprès des prostituées du quartier de Tsaralalàna et des enfants des rues d’Analakely, à Tananarive (Antananarivo). Madagascar, en mars 2007.

et la voix de Tata Rahely

assistante Angela Rajaonarivo
assistant traducteur Amir Antoy

journal Thérèse Troïka


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PRODUCTION

 

notoire / de l’étranger(s), Paris
Bonlieu, Scène nationale d’Annecy

Avec le soutien de Montévidéo, Marseille
et du CCAC, Centre culturel français à Madagascar

 

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BONUS

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